La surprise a été totale. Y compris pour sa mère, Christine, entraînée par son aîné à la soirée de présentation officielle de l'Alterna Stade Poitevin, jeudi soir dans la capitale de la Vienne. Peu après 20 heures et alors que l'effectif de la saison avait été présenté aux supporters et aux partenaires du club, Earvin Ngapeth a fait son apparition dans un maillot floqué du numéro 86, celui du département
Il a fallu quelques secondes pour réaliser. Pour comprendre que, samedi 28 septembre face à Narbonne, la star des doubles champions olympiques (33 ans) ferait son grand retour en Championnat de France, treize ans après son départ pour l'Italie. Un coup de tonnerre. Un coup de projecteur aussi sur la Marmara SpikeLigue désertée par les internationaux de premier plan, hormis Nicolas Le Goff revenu à Montpellier depuis l'été 2020.
Je suis heureux d'être à Poitiers. Ma famille habite ici, les enfants sont déjà inscrits à l'école. Le but n'est pas de faire de l'argent pour moi, mais de pouvoir aider au lancement du nouveau projet et au renouveau du club de ma ville », confie Ngapeth, marqué par ses jeunes années dans la cité pictave, à la toute fin des années 1990, quand son père Eric offrait le premier titre de champion de France aux « All Blacks ».
La photo de la future star juchée sur les épaules de son paternel, en date du 9 mai 1999 soir de sacre face à Paris, est la seule qui orne le bureau de Cédric Enard (48 ans), nommé manager général du club en décembre dernier. « Je suis extrêmement fier et heureux d'être le trait d'union entre ces deux époques, d'être celui qui permet à Earvin de signer dans son club de coeur, dans son village comme il dit, souffle l'ancien central de cette période dorée, quand la salle Lawson-Body rugissait de bonheur. Son arrivée chez nous s'apparente à une situation extraordinaire mais elle n'aurait pas été possible sans le soutien financier de notre namer, Alterna Énergie et de son président Frédéric Bouvier. »
En revenant en France, Earvin Ngapeth n'effectue pas un choix par défaut. Mais plutôt un habile calcul avant, peut-être, de signer le dernier gros contrat d'une carrière hors-norme. Avec Poitiers, le natif de Saint-Raphaël pourra concilier rêve d'enfant, priorités familiales et ambitions sportives à plus long terme. Privé de play-offs depuis trois ans, le club de la Vienne ne disputera pas de Coupe d'Europe, ce qui offrira au trentenaire un calendrier plus allégé que la saison dernière, par exemple, où en plus de réaliser le doublé Coupe Championnat avec Halkbank Ankara, le réceptionneur-attaquant avait aussi joué jusqu'en quarts de finale de la Ligue des champions.
De quoi ménager son corps et de prolonger encore un peu l'aventure avec les Bleus, appelés à disputer le Mondial dès septembre 2025, à la suite d'une refonte du calendrier international. « Un titre voire une médaille mondiale, c'est le seul petit truc qui manque au palmarès de notre génération, indique Ngapeth. On doit en discuter tous ensemble mais continuer encore un peu aurait du sens. Car si les JO de Los Angeles (2028) semblent loin, il y a plein de jeunes talentueux qui arrivent et avant de leur laisser les clefs du camion, il faut qu'on les accompagne au mieux. » Il pourra notamment évaluer leur niveau sur les parquets du Championnat où, sur chaque action et chaque match, le double champion olympique sera l'homme à battre, la référence à dominer. Lors de son dernier exercice en France, avec Tours en 2011, il avait été désigné MVP à l'unanimité, symbole de sa domination d'alors. Les années ont passé mais son appétit, lui, n'a pas changé. _ G. De.